Il existe, au sein de la province de Luxembourg, des arbres majestueux, des arbres exceptionnels. Au-delà de la seule définition donnée par l’urbanisme, certains arbres ont une histoire, une légende, une originalité qui leur sont propres et qui les lient aux hommes.
Le Député Provincial Daniel Ledent, en charge des ressources naturelles, a confié à l’asbl Ressources Naturelles Développement (RND, anciennement Valbois RN) une mission de mise à l’honneur de ces arbres exceptionnels lors d’une exposition itinérante qui prendra place en différents lieux de la province.
Avec l’appui technique de l’Administration de la Nature et des Forêts, du Département du Patrimoine (Région Wallonne) et de la Province de Luxembourg,RND a opéré une sélection rigoureuse des arbres exceptionnels en province de Luxembourg. Une cinquantaine d’arbres a été choisie avec soin selon différents critères :
- Esthétisme et caractère exceptionnel
- Diversité des essences
- Diversité des communes représentées
- Intérêts historiques et légendaires, intérêts paysagers
- Arbres classés ou sur sites classés au patrimoine de la Wallonie
- …
Autant de raisons de mettre en évidence une poignée d’arbres qui forcent le respect !
Les prises de vues ont été réalisées par : Benjamin Stassen, auteur d’ouvrages mettant en évidence les liens entre les hommes et les arbres ; Guy Focant, photographe au département du Patrimoine de Wallonie ; Pierre Warzée, photographe amateur de talent travaillant au sein de l’asbl RND.
Ces photographies sont accompagnées de courts textes présentant, tantôt l’histoire, tantôt les spécificités, tantôt un aspect culturel de l’arbre en question. Ces textes ont été rédigés par RND en collaboration avec l’Administration de la Nature et des Forêts, le Département du Patrimoine et Benjamin Stassen.
- du 28 juin au 18 juillet au Fourneau Saint-Michel
- du 20 juillet au 5 août à la salle du CPAS de la Roche-en-Ardenne
- du 8 au 15 août à la salle communale de Bastogne
- du 17 au 26 août à l’Archéoscope de Godefroid de Bouillon
- du 1er au 9 septembre au Centre Culturel de Libramont-Chevigny
- du 12 septembre au 25 septembre au Centre de visite “Voyage au coeur de l’Attert”
- du 28 septembre au 9 octobre au Centre Culturel de Durbuy
- du 25 octobre au 4 novembre à la Maison du Pays de Salm
- du 6 au 29 novembre au Moulin Klepper de Neufchâteau
Les arbres : monuments oubliés de l’histoire…
Les vieux arbres constituent des témoins privilégiés de l’évolution de notre société et de notre histoire. Des arbres qui ont résisté aux aléas
du temps, aux éléments et à la main de l’homme. Des arbres qui, au même titre que le patrimoine bâti ou les vestiges archéologiques, sont des traces tangibles de notre passé.
Malheureusement, trop souvent encore, cet héritage est ignoré, menacé. L’assertion selon laquelle l’arbre naît, croît et meurt comme tous les êtres vivants et qu’il est dès lors normal de procéder à son remplacement au premier signe de dépérissement, garde ses adeptes. Les fréquents supposés problèmes de sécurité ou les coûts à engager pour des arbres dont les jours sont soi-disant comptés, sont également des arguments régulièrement avancés.
Mais qui sommes-nous pour condamner un vieil arbre? Des générations entières l’ont conservé, protégé au fil des siècles, tel un symbole de vie de l’histoire locale. L’homme contemporain perdait-il le sens des valeurs en effaçant d’un coup de tronçonneuse ce que les aïeux ont préservé ? De plus, pourquoi condamner ce qui vit encore ? On connaît très peu l’arbre - par exemple, seul le génome du peuplier a, à ce jour, été décodé - et le recul, on en conviendra, reste insuffisant pour déterminer les limites d’âge de certaines espèces.
Historique des dispositions en faveur de la protection des arbres
C’est dans les années 1900, face à la fragilité de ces vénérables témoins, que naissent les premiers inventaires destinés à répertorier les arbres de mémoire. La Société Archéologique du Namurois s’attela notamment à cette tâche, de même que Jean Chalon, célèbre botaniste de cette même province. Ce dernier, soucieux de préserver ce patrimoine végétal, compulsa toutes les informations dont il pouvait avoir connaissance : localisation, taille, historique… En tout, plus de 1134 arbres remarquables de Belgique furent répertoriés. Parallèlement à ces initiatives, la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles se préoccupa de la sauvegarde de ces précieux témoins dès sa création en 1835.
Il faut attendre la loi du 7 août 1931 relative à la conservation des monuments et sites pour voir apparaître les premières dispositions réglementaires en faveur de notre patrimoine. Cette loi confère à certains arbres le statut de monument au même titre que les cathédrales et autres bâtisses. Pourtant, malgré cette loi, les arbres tombent peu à peu dans l’oubli.
Au cours des années 80, l’aménagement du territoire devient une compétence régionale. Dans un même temps, la notion de « protection de l’environnement » pénètre progressivement les mentalités. Les arbres patrimoniaux réapparaissent dans l’horizon des préoccupations ! Le 27 mars 1985, un arrêté relatif aux arbres et haies remarquables est déposé. Cette disposition innovante, inscrite dans le Code wallon de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme de l’époque, lance un ambitieux programme de recensement des arbres dont la protection se justifie. À ce jour, c’est plus de 25 000 arbres et haies répartis sur l’ensemble du territoire wallon qui font l’objet de cette reconnaissance. Cette compétence est gérée par le Département Nature et Forêt (DNF), plus précisément par Anne Danthine et Martin Cléda.
Mais dans les années 2000, un constat s’impose : la liste de ces arbres est trop hétéroclite ! Parmi ces arbres dignes d’intérêt, on trouve du plus « commun » au plus « extraordinaire ». Afin de rendre aux vénérables la place qui leur est due dans l’Histoire, il est décidé de reconnaître certains arbres en tant que monument historique, tel que cela se faisait dans les années 30. Un tri parmi les 25 000 arbres remarquables s’impose donc afin d’en ressortir « l’élite » digne d’être considérée comme « patrimoine arboré ». Cette compétence est entre les mains du Département du Patrimoine de la Région wallonne.
Tilleuls et tours anciennes d’églises
Bon nombre d’arbres présentés dans cette exposition sont des tilleuls jouxtant des édifices consacrés…
Le tilleul dressé au pied de la tour de l’église Saint-Étienne à Waha (MARCHE-EN-FAMENNE), est l’un des tilleuls les plus célèbres parmi ceux jouxtant un édifice consacré. Cette bâtisse est l’une de nos rares églises romanes, la plus ancienne aussi (1050), qui ait conservé un antique tilleul au pied de sa tour.
En 1885, Jean d’Ardenne le décrivait « tordu, dévasté par l’âge, […] comme un vieux compagnon décidé à partager la destinée du monument et à ne disparaître qu’avec lui ».
Un quart de siècle plus tard, on tenait l’arbre pour dépérissant. On le déclara condamné, mais il fut préservé à la suite d’une vigoureuse campagne de presse à laquelle l’historien Godefroid Kurth aurait ajouté le poids de son autorité. Une photo, prise en 1905, montre en effet un tilleul fort éprouvé. Le tronc est resté creux, mais il s’est depuis refait une nouvelle cime vigoureuse, portant feuilles et fruits, année après année…
D’aucuns affirment qu’il serait millénaire ! Sans doute doit-on comprendre par là qu’un tilleul, de tout temps, occupa cet emplacement. Le vieil arbre actuel serait alors l’ultime rejeton d’une longue lignée, l’héritier d’un tilleul seigneurial originel…
En effet, les travaux de restauration de l’église menés entre 1957 et 1962 laissent penser que l’édifice religieux a pu être, à l’origine, une construction civile des seigneurs de Waha, à la manière carolingienne : une vaste salle carrée et une tour, l’un des premiers donjons connus alliant le bois et la pierre. L’édifice aurait ensuite été cléricalisé par la consécration d’un oratoire.
On peut dès lors poser la fragile hypothèse qu’un tilleul seigneurial fut conservé pour devenir l’arbre du pouvoir planté au coeur de la communauté. Ce tilleul n’était pas doté d’une vocation religieuse : isolé sur une petite éminence et jouxtant l’église ou le cimetière, l’arbre des assemblées était lié à l’exercice de la justice d’Ancien Régime plutôt qu’au culte proprement dit.
Des forces de la nature en péril
On ne connaît rien de la capacité des arbres à survivre. Scientifiquement parlant, il est toujours très difficile de prédire quand un arbre va mourir
car ils ne vivent pas à notre échelle. Les estimations varient constamment : dans les années 70 on disait qu’un tilleul vivait 300 ans, ensuite ce fut 450 ans. Aujourd’hui, il serait question en Angleterre de tilleuls millénaires… Une raison de plus pour respecter ces forces de la nature, ces témoins de vie.
Outre l’homme, d’autres dangers guettent les arbres. L’une des menaces les plus importantes pour l’orme est la graphiose (Ceratocystis ulmi). Il s’agit d’une maladie causée par des champignons et qui a décimé la plupart de nos ormes indigènes. Elle est disséminée par les scolytes et se caractérise par le flétrissement, en juin, du feuillage à partir du haut de la cime ou des branches latérales puis par un dépérissement complet et rapide (en un an ou deux) de l’arbre. En outre, lorsque l’on brise en deux un rameau dépérissant, on peut observer un cercle brunâtre au coeur de la branche, correspondant à la dégradation des trachées du bois où circule la sève minérale.
Il existe quelques moyens pour lutter contre la graphiose : couper et éliminer les sujets atteints ; maintenir les ormes indigènes plutôt à l’état arbustif (haie taillée), les scolytes ne s’attaquant qu’aux arbres adultes de grandes dimensions ; planter des variétés résistantes notamment les ormes provenant d’Asie. L’orme imposant à VIELSALM est l’un des rares à avoir traversé les âges et résisté à cette maladie.
Les arbres du patrimoine
Rares sont les frênes qui sont classés selon les dispositions en matière de patrimoine. Celui de Tillet (SAINTE-ODE), protégé par arrêté du 20 août 1993, l’a été en raison de sa valeur esthétique et scientifique. Un statut mérité, s’agissant d’un sujet parmi les plus gros recensés en Wallonie. Mais aux dimensions exceptionnelles s’opposent souvent des considérations sécuritaires. Du fait de sa reconnaissance patrimoniale, cet arbre a pu faire l’objet d’une taille raisonnée subsidiée dans le cadre de l’opération « Petit patrimoine populaire wallon ». Elle a été effectuée par des professionnels
soucieux du respect de l’arbre et d’une arboriculture de qualité. Ces « artisans de l’arbre », arboristes ou élagueurs-grimpeurs, apportent aujourd’hui une réponse mûrement réfléchie aux méthodes radicales, si néfastes à une saine gestion de notre patrimoine arboré. Puisse ce frêne, en poursuivant sa croissance, témoigner des bonnes pratiques à encourager, arbre classé ou pas !
Autres thématiques abordées :
- Qu’est-ce qu’une drève ?
- Qu’est-ce qu’une cépée ?
- Les seigneurs de nos régions ;
- Les essences ;
- Calcul de la « Valeur d’un arbre » ;
- …
Concours
Dans le cadre de cette exposition, RND asbl organise un concours photo en collaboration avec les Gîtes de Wallonie.
À gagner : un week-end pour quatre à six personnes au gîte 3 épis « Murs-Mûres » de Herve.
Pour participer, rien de plus facile :
1) Photographiez votre arbre « coup de coeur » (celui du fond de votre jardin, celui planté par votre grand-père, celui de vos vacances…).
2) Adressez-nous cette photographie accompagnée du lieu de la prise de vue, de l’essence de l’arbre et d’un petit commentaire (anecdotique, historique, poétique…) par mail l.dutrieux@rnd.be ou par courrier :
Ressources Naturelles Développement
Concours photo - M. Laurent Dutrieux
Rue de la Converserie, 44
6870 Saint-Hubert
Date limite d’envoi : 15 novembre 2012
3) Un jury sélectionnera 10 photographies et les publiera sur la page Facebook : weekenddubois.
4) Le gagnant sera l’auteur de la photo ayant récolté le plus de mentions « J’aime » sur Facebook.
Date de clôture : 30 novembre 2012.
Vous désirez de plus amples informations ?
Renseignements:
Ressources Naturelles Développement (RND asbl)
(Anciennement Valbois RN)
Rue de la Converserie, 44 - 6870 Saint-Hubert
Votre contact : Laurent Dutrieux - l.dutrieux@rnd.be
Tél. : 061 29 30 87 - GSM: 0496 52 15 81 - Fax: 061 61 27 32