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Point de vue d’un membre de la Commission Consultative Locale pour la Gestion de la Forêt (CCLGF)

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Un membre de la Commission Consultative Locale pour la Gestion de la Forêt (CCLGF), par ailleurs propriétaire de forêt, se tracasse de l’état grave de la forêt de Nassogne.

Voilà le message qu’il a envoyé à tous les membres de la commission... 

Il souhaiterait que les futurs candidats aux élections s’engagent à prendre en charge ce problème.

Par ailleurs, il m’a envoyé une série de photos de la hêtraie de Nassogne en ce mois de juillet 2018, qui est occupée à dépérir par la cime. Il en parle dans son article.

" Les images ne représentent pas des exceptions, dit-il, mais une généralité ; toute la richesse de la propriété communale s’en va !

Il n’est pas trop tard, mais il est temps ! "

Retrouvez ces photos en fin d'article

En cette présente note, je souhaite vous partager mes inquiétudes sur la santé de notre forêt, et suggérer à la Commune de Nassogne des décisions et des mesures à prendre d’urgence.

Nourrissage et gestion du gibier

Le nourrissage du sanglier, permis par le règlement de la Région Wallonne, et aussi par le cahier des charges des baux de location de la chasse communale, s’avère un non-sens au vu de la population actuelle de l’espèce et des dégâts constatés, contrôlés même par les enclos-exclos installés à divers endroits de la forêt. La dernière visite en forêt commentée par Olivier Charlet l’a démontré à tous les participants. Il est notoire que le sanglier est le principal prédateur de la forêt. Certains chasseurs s’interdisent volontairement ce nourrissage, mais sont malheureusement limitrophes sur plusieurs kilomètres de zones où ce nourrissage est pratiqué abondamment. Situation absurde et intenable.
Il est tout aussi évident pour le DNF que les produits de la forêt sont largement suffisants à une population équilibrée de sangliers, et que l’argument de « nourrissage dissuasif » n’est qu’un prétexte utilisé par les chasseurs en regard des dégâts possibles hors forêt.
Cela étant, le seul moyen d’harmoniser le non-nourrissage est de l’imposer par un règlement général dans toute la Région Wallonne. Il faut que la Commune, propriétaire de la plus grande forêt communale de Belgique, appuie une telle demande auprès du ministre compétent ; il y va de toute la régénération naturelle des essences nobles, du chêne en particulier.
D’autre part, la population des cervidés occasionne elle aussi des problèmes d’écorçages et d’abroutissements qui deviennent intolérables. Les recensements pratiqués par le DNF prouvent que la densité de population atteint aujourd’hui 60 cervidés par 1000 ha, alors que l’objectif est de 30, confirmé en réunion du CCLGF par Alain Licoppe [1]. Les mêmes enclos-exclos montrent la croissance de petits chênes, la proie certaine de l’abroutissement hors de l’enclos.

 

Par ailleurs, l’écorçage des jeunes résineux impose l’opération coûteuse de griffage des bois après l’élagage.
Ce problème de gestion cynégétique est en principe réglé par les plans de tir établis par les Conseils Cynégétiques. Malheureusement, ces conseils sont principalement composés de membres chasseurs qui, eux, souhaitent an contraire garder cette densité de population en cervidés. La Commune, en tant que propriétaire, devrait intervenir avec une présence en notre Conseil UGC St-Hubert pour épauler les conclusions du DNF sur le plan de tir et les sanctions pour tir insuffisant.

État de santé de la forêt de Nassogne

Les essences forestières largement principales à Nassogne sont le hêtre et l’épicéa. L’un et l’autre sont sujets au changement climatique, périodes de sécheresse entraînant la prolifération d’insectes ; le scolyte par exemple dont les larves se logent sous l’écorce et provoquent le dépérissement de l’arbre.
Un autre phénomène se présente sur la majorité des hêtres de Nassogne et ailleurs aussi ; depuis une dizaine d’années et même davantage, on s’aperçoit que la canopée des hêtres se dégarnit. Il y a ainsi descente de cime, dépérissement jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’O.W.S.F. [2] a constaté et étudié la maladie, et tire la conclusion qu’il s’agit d’un pseudo-champignon qui se loge dans les racines du hêtre. Ce parasite se nomme phytophthora ; il se développe massivement après une période d’engorgement d’eau dans le sol, suivie d’une période de sécheresse. Ce fut le cas précisément dans les années 2016 et 2017. Le mal existait depuis quelques années, mais il s’est renforcé après la canicule de juin 2017. Et, en cette année 2018, la majorité des hêtres ont leur canopée dégarnie.

Le phénomène ne cesse de s’aggraver. De grands hêtres bicentenaires se meurent par dizaines, par centaines peut-être.
Il y a des mesures à prendre, non pour sauver ce qui est mort ou qui dépérit, mais dans la conception même et la régénération de la forêt. En effet, ce qui manque cruellement à Nassogne, c’est la biodiversité, c’est-à-dire le mélange d’essences diverses ; c’est le seul moyen de lutter dans le changement climatique, une essence dépérissant laissant place à une autre plus résistante. Vrai tant en résineux qu’en feuillus !
Implanter de nouvelles essences adaptées au sol et au climat est à envisager par places soigneusement choisies et protégées de la dent du gibier, avec une planification de plantations à longue durée. Programme ambitieux qui demande avant tout accord de Natura 2000 car, selon le règlement actuel, le milieu de la hêtraie à luzule, notre cas, doit être préservé de toute plantation étrangère. Un accord raisonnable avec dérogations ou révision de contrat ne peut être que normal et acceptable.
En ce domaine, le DNF ne peut qu’éliminer les arbres morts ou dépérissants dans son programme d’éclaircies tous les douze ans. C’est insuffisant : il ne peut prendre aucune initiative de transformation sans nouvelle directive du milieu scientifique. Ceci nous a été confirmé par la direction du DNF lors de la première réunion de présentation de la forêt de Nassogne.
Cette étude scientifique par une équipe universitaire, Gembloux, Liège ou Louvain, doit en premier réaliser un inventaire de la situation, et ensuite proposer un programme de biodiversité par plantations. Elle est à initier par la Commune, propriétaire de quelque 2000 ha de hêtraie. Ce n’est certes pas impossible au même titre qu’une étude de rentabilité avait été initiée pour les 1500 ha convoités par Nassonia.

Conclusion

Si la forêt de Nassogne est bien un capital cher aux Nassognards, elle est à gérer avec soin dans le plus grand intérêt de santé et de rentabilité. Elle est capable d’avoir les plus beaux arbres, et devenir la première forêt du pays. Or, la situation actuelle, face aux deux problèmes évoqués ci-dessus, ne fait que se dégrader. Après des années de laisser-aller, il est de plus en plus urgent de réagir. C’est à la commune qu’il revient d’interroger le gouvernement wallon autant que les universités, et d’exiger des réponses positives, sans quoi notre forêt risque bien de n’être plus que broussailles, livrée aux chasseurs…

 

[1] Service Public de Wallonie — Département de l’étude du milieu naturel et Agricole — DEMNA

[2] Office Wallon de la Santé de la Forêt, news 18-05.

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