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Le parcours extraordinaire de Parla Astarci.

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2014-03-13_151252.jpgArrivé de Turquie à l’âge de 4 ans, Parla (Ersin) Astarci a passé son enfance et sa jeunesse à Nassogne et à Marche. Il est aujourd’hui chef de service adjoint en chirurgie cardiovasculaire et thoracique aux cliniques universitaires St-Luc/UCL à Bruxelles.

Si Parla Astarci est devenu un chirurgien réputé, c’est en partie grâce au docteur Lange de Nassogne. Sa vocation est née à l’époque où il traduisait les propos des familles turques qui s’y faisaient soigner.

À 10-12 ans, le jeune Parla Astarci parlait parfaitement le français. Il était arrivé à Nassogne, en 1974, de la région d’Eskisehir (Turquie) avec ses parents et sa soeur, alors âgée de neuf mois. Lui avait quatre ans à peine. «Nous avons quitté le pays pour des raisons financières. Des amis à mon père, qui travaillaient déjà en Belgique, lui ont parlé d’une entreprise, à Nassogne, qui cherchait de la main-d’oeuvre. C’est ainsi qu’il a été embauché comme manoeuvre par les Ets Richard-Benoît à Nassogne.»

Alors qu’il était toujours à l’école primaire de Nassogne, certaines familles turques ont commencé à venir le trouver. «Comme je parlais bien le français, ils me demandaient de les accompagner lorsqu’ils se rendaient chez le médecin du village, le docteur Louis Lange. » Très rapidement, Parla deviendra Ersin, le « traducteur » officiel du médecin.

2014-03-13_151228.jpg«Il m’a toujours appelé par mon deuxième prénom, je n’ai jamais compris pourquoi. Mais cela me plaisait de jouer les traducteurs. En moyenne, je me rendais deux fois par semaine chez lui avec une famille, se souvient celui qui est aujourd’hui le chef de service adjoint en chirurgie cardiovasculaire et thoracique

aux cliniques universitaires Saint-Luc/UCL à Bruxelles. Et il s’est pris d’admiration pour le docteur Louis Lange. «Pour moi, ce qu’il faisait était un peu magique. Quelle

que soit la maladie pour laquelle on venait le voir, il rassurait les gens, trouvait un remède pour eux. Je le trouvais brillant ! » C’était aussi «le seul médecin d’où on sortait avec ses médicaments. Il avait une grande armoire avec toutes sortes de choses. Sa femme était pharmacienne.»

Ses primaires terminées, Parla devra faire un choix. Ses parents pensent qu’ils ne resteront pas plus de trois ans avant de retourner en Turquie. Son père lui propose de s’inscrire dans une école secondaire afin de poursuivre sa scolarité. «Luc, le fils d’un ami charpentier de mon père et Jean-Louis, le fils de l’instituteur étaient mes deux amis. Avec Luc, on avait décidé de s’inscrire à Saint-Hubert dans une école professionnelle. Je ferais l’électricité, lui la menuiserie.Lorsque nous avons demandé au papa de Jean-Louis s’il pouvait venir avec nous, ce dernier m’a dit que son fils irait dans une autre école. Lorsque j’en ai parlé à mon père, ce dernier a proposé que je suive Jean-Louis. Pour lui, cela devait être forcément une bonne école. » C’est ainsi que Parla Astarci se retrouve chez les frères à Rochefort.

«Au début, ils étaient intrigués de voir un Turc s’inscrire en rénové, mais comme je m’en sortais, cela s’est bien passé. » Fin d’humanités, nouveau dilemme pour Parla. Le test PMS lui conseille de devenir…gendarme. Lui préfère être médecin. «J’étais un peu perdu alors je suis retourné près du docteur Lange pour lui demander son avis. Il m’a dit que les études et le métier étaient très difficiles mais que si j’en avais envie, il fallait foncer et surtout… beaucoup travailler. J’ai suivi son conseil. » Aujourd’hui, Parla Astarci est devenu un chirurgien brillant, spécialiste de la réparation valvulaire.

«C’est le docteur Dulieu, un de mes professeurs qui m’a donné l’envie de faire cette spécialisation. Un jour, il nous a expliqué une de ses opérations. Cela m‘a passionné. » A Saint-Luc, il travaille désormais dans un service très performant. «On vient de partout en Europe pour se faire soigner ici. » La belle histoire est doncloin d’être terminée. l

PROFESSEUR D’UNIVERSITÉ

L’enseignement est l’une des nombreuses cordes qu’a Parla Astarci à son arc. «J’ai été nommé professeur l’an dernier, explique-t-il. Je donne des cours aux infirmières effectuant une spécialisation « bloc opératoire ». Et aux étudiants de la faculté de médecine, je donne un cours spécialisé en chirurgie cardiaque et vasculaire. »

Ce spécialiste aime enseigner. «Vu mon passé, je suis sensible à la formation des jeunes. Enseigner, c’est fabuleux. Personnellement, je cherche toujours à stimuler les étudiants. Lorsqu’on entame de telles études, il arrive parfois que l’on doute. J’essaie de les rassurer. »

À l’occasion, il donne aussi des cours à l’étranger. Notamment en Turquie. «J’y retourne régulièrement pour donner des cours et participer à des congrès, » conclut-il.

Éminent chirurgien, Parla Astarci s’adonne également à la recherche. Il travaille actuellement à la conception d’un outil qui devrait permettre de rendre certaines opérations cardiaques moins pénibles pour les patients. 

Que signifie faire de la recherche pour vous ?

Faire de la recherche, c’est avant tout rendre service à l’humain en essayant de trouver des moyens d’améliorer le confort des malades.

Sur quoi portent vos recherches actuelles ?

En 2008, le sujet de ma thèse portait sur le remplacement de la valve aortique par la voie percutanée (NDLR : une technique non invasive permettant un accès au coeur par voie percutanée, via un cathéter). Dans ce contexte, j’ai notamment eu l’occasion de poser la première endovalve en Belgique. Mais des complications existent. D’une part, on constate que dans les deux ans, un pacemaker doit être posé au patient. Il peut également devenir hémiplégique. C’est la raison pour laquelle cette technique est actuellement utilisée pour des personnes inopérables. Si ces complications existent, c’est surtout parce qu’on ne peut évacuer la valve aortique qu’on remplace. On doit donc l’écraser au maximum. Je suis actuellement en train de mettre au point un système qui permettrait de couper, puis d’évacuer la valve déficiente sans « ouvrir » le patient. L’outil en question a été breveté. Mais il doit encore être miniaturisé.

Quels seront les avantages de ce nouveau système ?

Cela permettra d’appliquer cette technique non invasive à tous les patients et pas seulement à ceux qui sont devenus inopérables. Le patient peut alors récupérer plus rapidement. Et donc rester moinslongtemps à l’hôpital.

Disposez-vous de moyens suffisants pour mener vos recherches ?

L’environnement est très favorable ici à Saint-Luc. Afin de trouver un financement pour rendre le projet définitivement opérationnel, je l’ai défendu, l’an dernier devant la Région wallonne dans le cadre d’un appel à projets Bio-Win. J’ai obtenu un subside de 4,8 millions d’euros. J’ai pu engager deux ingénieurs et rassembler une équipe. 17/18 personnes travaillent désormais à ce projet depuis une bonne année maintenant. Nous espérons pouvoir obtenir un outil opérationnel en 2018-2019. Il pourra alors être exporté partout en Europe. Il faut savoir que plusieurs millions de personnes souffrent de sténose aortique (NDLR : maladie cardiaque qui consiste en une altération de la valve aortique). Le potentiel est énorme.

50e anniversaire

En 2014, la Belgique célèbre le 50e anniversaire de l’immigration turque et marocaine. «J’ai récemment été invité par la ministre Joëlle Milquet à témoigner de mon parcours, commente Parla Astarci. Si j’ai participé à cette manifestation, c’est surtout pour raconter mon histoire aux jeunes turcs. Et surtout leur montrer qu’eux aussi, s’ils le souhaitent, peuvent également être capables de réussir certaines choses dans la vie. » Parla Astarci effectue régulièrement des voyages dans son pays d’origine. «Si le soleil me manque, je suis ici dans mon milieu. J’adore mon métier, mes recherches. Je n’ai plus rien à prouver à personne. » 

2014-03-13_151419.jpgUne émission spéciale proposée par la TRT Turk a été consacrée à Parla Astarci. On peut notamment y découvrir l’interview du Dr Lange.  La voici ci-après.

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Lien permanent Catégories : Divers

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