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Hommage à Michel Mouton, par Jean-Pierre Clinckx

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Jean-Pierre Clinckx, qui a longtemps dirigé le Centre culturel de Nassogne, m’a gentiment transmis ce texte en me demandant de le partager avec vous :

Cher Michel, tu paraissais tellement apte à traverser tous les petits soucis de la vie, que du coup, on n’a pas senti que, cette fois, tu préparais réellement ton 'grand départ'. Seule Marie-Rose, ta compagne bien-aimée, avait dû le pressentir ; étant, elle, vraiment sur la même longueur d’onde.          

Personnellement, je me souviens surtout de ton réel investissement pour tout ce qui te tenait à cœur, et de la vraie simplicité qui t’habitait. Nassogne était assurément le village de ton cœur ; et tu tenais à faire tout ce qu’il fallait pour y apporter un petit plus, … une sorte de supplément d’âme.          

Quand on s’est connu, tu étais déjà fort impliqué au niveau de "La Bouchaille", cet ancien Centre de Vacances dans lequel pas mal de choses furent organisées, avant qu’il ne devienne finalement la "Résidence Catherine Mafa", lieu d’accueil pour les aînés ne sachant plus vivre de manière autonome. Un lieu qui aura aussi compté à mes yeux, car grâce à la complicité de Pierre Dedriche, j’avais pu y organiser l’apéritif et la soirée de mon propre mariage.
Par ton intermédiaire, on a d’ailleurs négocié pour que le Centre culturel puisse utiliser la salle de spectacle qui s’y trouvait, afin de proposer au public local une série de représentations théâtrales. Jacques Stévenne, qui lors de la cérémonie d’adieu a tenu à te rendre un vibrant hommage, a évoqué tout ce que tu avais fait dans le cadre des projets développés dans cet endroit spécifique.    

Mais, là où tu m’as le plus épaté, c’est dans l’énergie mise pour l’organisation des activités liées au "Jumelage Nassogne - Martel", qui naquit en 1967. Tu avais parfaitement intégré l’esprit mis, dès le départ, par le couple fondateur : le Martelais René Boucquié et le Nassognard Edmond Leroy. Oh, bien sûr, comme toutes les personnes qui s’investissent énormément, il t’est peut-être arrivé de commettre l’une ou l’autre erreur … Mais au plus profond de toi, tu ne désirais qu’une chose, donner le meilleur de toi-même. Ton association avec Bernard Ruebenthaler, Président du jumelage - côté français - entre 1997 et 2017, laissera dans beaucoup d’esprits des souvenirs inoubliables. Je repense à la folle épopée de Jean Jacob d’Ambly lors du 40° anniversaire, avec la fameuse "Caravane de l’amitié" (avec 4 chevaux et 1 poulain). Cette roulotte tractée par des chevaux réalisa la liaison entre Nassogne et Martel, avec des accueils incroyablement chaleureux partout où elle passait.  Ou encore la magnifique aventure vélocipédique de Monique et Bernard Ruebenthaler qui, en 2013,  firent 2209 km pour relier les deux cités. Associé à Alain Evrard, tu réalisas depuis Givet le reportage des derniers kilomètres, en suivant ce couple peu banal en voiture.    Et puis, comment oublier "Malepique", surnommé le "Petit Nassogne", et ses festivités, où j’ai découvert des gens extraordinaires, dont j’ignorais jusque-là l’existence. Ils devinrent d’ailleurs mes propres jumeaux : la famille Delbut. C’était lors du 30° anniversaire. Et ce fut pour moi - grâce à toi et à d’autres personnes passionnées - le plus merveilleux des cadeaux : une amitié d’une richesse inouïe qui se renforce au fil des ans.     

Et nombreux sont les gens qui, comme moi, ont eu cet immense plaisir.
À cette époque, tu venais régulièrement au Centre culturel, pour demander de faire paraître l’un ou l’autre article concernant le Jumelage et les festivités qui y étaient liées. Et à chaque fois, avec une touchante humilité, tu me disais : "Jean-Pierre, fait pour un mieux ; tu peux franchement retravailler mon texte à ta manière, parce que je suis conscient que l’écriture ce n’est pas vraiment ma spécialité … Je te fais totalement confiance ! "                                                               
Oui, merci pour ta confiance, Michel. Elle m’a, à chaque fois, donné des ailes !
Aujourd’hui la nouvelle génération est là, pour faire perdurer les liens créés : Cindy, Sabrina, Manon et tous les autres poursuivent le travail entamé avec ferveur par les anciens.   

Michel, je me souviens aussi de ton aide précieuse dans le cadre du désormais célèbre "Parcours d’artistes", développé sur toute la Commune de Nassogne depuis 2009. Avec ta casquette de Président de la Fabrique d’Église de Nassogne (officiellement depuis 2014), tu avais décidé de nous ouvrir les portes de cette chapelle historique que tu entretenais avec soin : la Chapelle St-Monon. Un cadre unique et splendide pour accueillir les œuvres de nos artistes locaux. Avec toi, pas de problèmes, seulement des solutions ! Et, là aussi, ta confiance en nous était inébranlable, nous permettant d’utiliser les lieux suivant nos besoins.

C’est à nos côtés que tu avais également désiré rendre un hommage touchant à celle qui fut l’artiste de ta famille, ta belle-sœur Marie-Ange Maréchal, décédée le 1° juin 2019. Et c’est ensemble que l’on présenta une dernière fois ses œuvres très diversifiées au public, à titre posthume.  

Quant au célèbre pèlerinage à St-Monon, le dimanche qui suit l’Ascension, il n’était pas question que tu le loupes. Tu avais d’ailleurs eu l’occasion de porter la Châsse de ton Saint-Patron à de nombreuses reprises.        

Michel, je me souviens également de l’époque où tu as voulu apporter ton soutien à cet ensemble musical qui vivotait depuis la disparition d’André Maillé : "l’Ensemble à Plectres de Nassogne". Tu n’étais pas vraiment musicien, mais tu appréciais la musique de qualité ; et puis, tu étais sans doute aussi attiré par une certaine musicienne … Celle qui allait devenir ta muse : Marie-Rose !
En 2006, je me rappelle de ma rencontre avec Joseph Rion, à l’époque Président de cet ensemble à nul autre pareil, qui était venu au Centre culturel afin de solliciter notre soutien. Il souhaitait faire appel - via les pages de la revue "Quoi d’neuf ?" - à de nouveaux membres pour étoffer le Conseil d’Administration. L’idée était aussi de pouvoir déjà envisager les futures festivités du 50° anniversaire de l’Ensemble à Plectres, fondé en 1958 par Monsieur Félix Collignon. Tout en rêvant de recevoir, en cadeau, l’appellation officielle de Société Royale ! Heureux hasard, en 2007, Gemmy Chasse décide d’assurer la Direction Musicale et de redonner un nouvel essor à cet ensemble formé de guitaristes et de mandolinistes chevronnés. Il ne restait plus qu’à trouver un nouveau Président ! Devinez qui ? …     

Michel, si j’ai pu de temps en temps t’indiquer quelques pistes à suivre, j’ai parfaitement conscience de tout ce que tu as fait, personnellement, comme démarches auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles, afin que "l’Ensemble à Plectres" soit enfin reconnu et repris officiellement dans les annales des instances subsidiantes. Et franchement ce n’était pas de la tarte. Mais toi, têtu comme tout bon ardennais, tu y as cru, sans jamais baisser les bras !                                                                                                       

En 2010, l’Ensemble sera désigné par la Province de Luxembourg pour ouvrir les festivités lors du "Festival Mai'li Mai'lo", la vitrine culturelle de référence du Luxembourg belge.
Puis, en 2012, tu concrétises encore davantage ton rêve ; tu entraînes les musiciens à ta suite en leur organisant un concert dans cet endroit de France qui t’a tellement fait vibrer : Martel ! L’année d’après, en 2013, histoire de remercier le Centre culturel, tu participes avec le groupe à la célèbre fresque théâtrale "Allons promener les chèvres …", en communion totale avec le public. Oui, chez toi, dans le village de Nassogne !
En 2016, c’est Elise Poncin, guitariste émérite au sein du groupe et ancienne élève - comme Gemmy - d’André Maillé, qui prend la succession de celle-ci à la Direction Musicale de l’Ensemble.
Et puis, en 2017, rebelote … Pour le 50° anniversaire du Jumelage à Martel, te voilà à nouveau organisateur d’un magnifique concert au cœur de la Cité aux 7 tours. Endroit magique où tu peux combiner merveilleusement tes deux passions.  

Provoquer des rencontres, créer des liens, soutenir des projets, ce sont des choses qui constituaient comme une sorte de 'moteur' dans ta vie ! Et tu appréciais de pouvoir apporter ton soutien et ta reconnaissance aux autres.

Nombreux sont les spectacles et autres manifestations du Centre culturel de Nassogne auxquels tu as assisté, le plus souvent avec Marie-Rose d’ailleurs. Et donner un coup de main ou jouer le barman aux "Tilleuleries" ne te faisait certes pas peur.
Ce qui m’a personnellement marqué, c’est que tu passais régulièrement au Centre culturel, simplement pour nous encourager, … nous féliciter, … et nous remercier !

Michel, j’ai été vraiment heureux quand je t’ai vu arriver aux réunions du Cercle d’Histoire "Terres entre Wamme et Lhomme", aux côtés d’Etienne Burnotte, de Marc Lapraille, de Jean-Marie Caprasse et d’autres personnes passionnées d’histoire et de patrimoine. Tu rêvais déjà de faire paraître un article complet sur l’histoire du Jumelage Nassogne - Martel. Et tu étais prêt à faire des recherches approfondies dans tes archives personnelles et dans tout ce que d’autres t’avaient légué.
Pouvoir préparer cela aux côtés de Nicole Leroy, la fille d’Edmond, cheville ouvrière de ce jumelage qui consacrait un lien merveilleux et indestructible entre les populations de ces deux cités devenues 'sœurs de cœur' t’enthousiasmait !    

Tu avais profité de l’occasion pour m’expliquer qu’il t’avait fallu aller chercher un peu d’aide auprès de l’équipe du Centre culturel concernant la mise aux normes des statuts de l’ASBL assurant officiellement la gestion de " l’Ensemble à Plectres de Nassogne" ; car, en tant que Président, tu souhaitais que tout soit fait dans les règles.             

Michel, lorsque tu n’es pas venu aux dernières réunions du Cercle Historique, nous avons pensé que ton amour pour Martel t’avait sans doute entraîné une nouvelle fois sur les routes françaises, en direction du Lot, … sans penser à d’éventuels ennuis de santé.
Pendant ce temps, face à la maladie, toi, tu avais déjà pris ta décision : passer le temps qu’il te restait au milieu des tiens.
Apprendre durant la messe d’enterrement que Marie-Rose avait fait venir l’Abbé Roger à ton chevet, à l’hôpital, et que vous aviez prié, ensemble, tous les trois, n’a laissé personne indifférent ; et cela, quelles que soient les convictions des personnes. Ce moment visiblement empreint d’énormément d’humanité a dû être pleinement à ton image. 

Michel, je pense que ta vie a été bien remplie et que tu mérites bien, aujourd’hui, de laisser une petite trace sur cette terre, dans ton village et à Martel, … et dans nos cœurs.
Pouvoir te côtoyer, fut pour moi un réel plaisir !  Et je me dis qu’en naissant dans une famille telle que la tienne, l’investissement dans la vie associative faisait sans doute déjà partie de tes gênes, bien avant ta conception.
Tous ceux qui t’ont bien connu savent que tu n’as jamais recherché les honneurs ou la gloire ; ce n’était pas du tout ton style. Et si Benoît Gueuning, journaliste local à "l’Avenir du Luxembourg", faisait dès le dimanche 16 mars ton éloge sur le site du journal, c’est que tu le méritais réellement !
Tu étais quelqu’un de vrai, qui aimait simplement apporter son soutien et faire avancer les choses ; et cela te rendait heureux.     

Ce dimanche 16 mars, "l’Ensemble à Plectres", était, lui, présent au cœur de la Collégiale St-Monon, avec l’idée d’intégrer les jeunes générations  - enfants et petits-enfants des musiciens - au programme d’un concert exceptionnel. Une belle manière de montrer ce qui te tenait également fort à cœur : l’envie de transmission.
Si tous espéraient encore pouvoir jouer 'de ton vivant', il fut difficile pour celles et ceux qui étaient impliqués, Elise, Gemmy, Annie et tou(te)s les autres, de ne pas avoir la gorge nouée ou de ne pas verser une larme.
Via l’esprit ou l’âme, Marie-Rose et toi, étiez cependant pleinement présents.

Très émue, Gemmy m’a livré tout ce que toi, Michel, tu avais apporté à cet ensemble musical. Ta bienveillance et ton ouverture d’esprit ont réellement permis aux musiciennes et musiciens de s’exprimer totalement sous ta présidence, et de pouvoir visiter de nouveaux répertoires. Avec toi, tout devenait possible ! Cette musique, d’une beauté envoûtante, pouvait enfin s’envoler, sortir d’un cadre parfois trop rigide. Et il est clair que votre présence éclairante manquera cruellement à tous.     

Le lendemain, lors des funérailles, tes petits-enfants, de cœur ou de sang, t’ont rendu - ainsi qu’à Marie-Rose -, un merveilleux hommage !
Oui, la famille comptait énormément à tes yeux ; et entendre les jeunes générations évoquer tant de bons moments partagés soulignait parfaitement ta joie de vivre et ton humour.        

Entre tristesse et larmes, apparurent de beaux sourires complices, un peu de malice, et même une pointe d’humour, afin de ne pas dénaturer la nature profonde du personnage que tu étais vraiment. Et entendre exprimer ta fameuse réplique "Je vais te mettre ta tête entre tes deux oreilles", que tu adorais sortir à tes petits-enfants, te représentait à merveille, ravivant ta présence.
Moi, cela m’a rappelé ma propre enfance ; et je me suis dit que c’était peut-être durant ta période militaire, ou au moment où tu logeais à la capitale, que tu t’étais approprié cette phrase savoureuse, comme l’avait fait un jour mon propre père.   

Michel, désormais tu t’es lancé dans ce grand voyage, au-delà du firmament, avec celle que tu aimais intensément et qui vivait à tes côtés, Marie-Rose.
Et votre aventure commune, vous avez eu envie de la prolonger … ensemble ! 

À ce sujet, je voulais quand même te donner un petit conseil : évite d’emporter avec toi cet objet odorant, à nul autre pareil, ce petit fromage typique de Martel : le Cabécou ! Pour avoir moi-même essayé d’en ramener un, depuis Martel, sous un soleil de plomb, je dois t’avouer que j’ai fini par devoir le débarquer, avant d’arriver à bon port.
Prends plutôt une bonne bouteille de vieille prune, comme celle partagée avec Alain, Jean-Michel, tes deux filles, et toute ta sympathique famille. Elle te permettra d’arroser, de manière bienfaisante, les nombreux arbres du Paradis. Et n’hésite pas à proposer là-haut, l’instauration d’un nouveau Jumelage, avec nous, simples mortels, … ici-bas !

Tiens, il me semble entendre au loin le son d’une mandoline …
Bon voyage Michel, … on continuera à penser à Marie-Rose et à toi.

Et merci à tous deux pour les beaux moments partagés !

 

Jean-Pierre Clinckx
(ancien animateur-directeur du Centre culturel de Nassogne)

 

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