Clicky

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'enseignement primaire et les écoles à Nassogne de 1820 à 1920. (2e partie)

Pin it!

Et voilà la suite...

1884-1895 : Pacification

Les élections législatives de 1884 rendirent à notre pays un gouvernement catholique ; une loi organique sur l’enseignement primaire fut votée le 20 septembre 1884.

Indépendamment des matières obligatoires, le conseil communal de Nassogne, en sa séance du 10 octobre 1884, décida d’étendre l’enseignement aux matières suivantes : 

  1. Pour garçons seulement : les formes géométriques, les notions d’arpentage, les sciences naturelles, et des notions de droit constitutionnel ;
  2. Pour garçons et filles : la tenue des livres et des notions d’hygiène ;
  3. Pour filles seulement : l’économie domestique[1].

A la même séance, il fut décidé que la religion (culte catholique) et la morale feraient partie du programme des écoles primaires et que cet enseignement se donnerait au commencement ou à la fin des classes. Si le ministre du Culte refuse de donner le cours de religion, celui-ci sera donné comme par le passé par les instituteurs et les institutrices.

Les quatre classes primaires, ainsi que l’école gardienne, sont maintenues comme par le passé[2].

017.jpg

La maison, appartenant à Antoine Legrand et occupée de 1879 à 1884 par l’école libre des filles (Carte de 1910)

 

Nassogne - Centre du village 03a.jpg

 A droite, la maison occupée par l’école libre des filles de 1884 à 1885 et offerte par Joseph Maréchal, bourgmestre de 1885 à 1895. (Carte de vers 1910).

Le 3 juin 1884, le conseil communal fixait à nouveau les montants des traitements du personnel enseignant de la façon suivante[3] :

Nom et prénom            Qualité                           Nomin. Défi.                Trait. 1882                       Trait. Actuel

Frémole Emile               Instituteur                    le 31/10/1879              1.200 F.                             1.300 F.
Isaye Ferdinand           S/instituteur                le 19/10/1881              1.000 F.                             1.100 F.
Gustin Marie                 Institutrice                   le 01/03/1881              1.200 F.                             1.300 F.
Wathelet Léonie          S/institutrice               le 21/11/1883              1.000 F.                             1.100 F.
Danze Hubertine         Instit. Gard.                 Le 01/04/1882             1.000 F.                             1.100 F.

L’allocation de 100 F. accordée auparavant à l’institutrice gardienne pour l’instruction religieuse avait déjà été supprimée à partir du 1er février de la même année[4].

Les religieuses qui, à la mort de leur bienfaiteur Antoine Legrand, durent quitter l’habitation qu’il leur avait donnée depuis 1879 reçurent de Joseph Maréchal, devenu bourgmestre en janvier 1885, une maison qu’elles occupèrent gratuitement jusqu’à leur adoption[5].

En sa séance du 21 février 1885, le conseil communal prenait les décisions suivantes :

  1. La seconde institutrice, Léonie Wathelet, est mise en disponibilité par suite du nombre insuffisant d’élèves ; de ce fait, le local, devenu vacant, sera occupé par l’école libre ;
  2. L’école gardienne est supprimée, étant donné le nombre restreint d’enfants qui la fréquentent ;
  3. L’école d’adultes des filles est supprimée pour la même raison ;
  4. Etant donné le grand nombre d’élèves — nonante à cent — fréquentant l’école libre des filles tenue par deux religieuses, cette école est adoptée par la commune, car c’est « le désir de la majorité des habitants d’avoir des religieuses pour l’instruction et l’éducation de leurs enfants », et en outre, « depuis l’année 1845, l’école communale des filles a été dirigée par des religieuses jusqu’à la promulgation de la loi de 1879 » ; à ce moment, « la presque totalité de leurs élèves les a suivies à l’école libre » ; d’ailleurs, « une de ces religieuses habite la localité depuis quatorze ans, où elle s’est dévouée à l’instruction et à l’éducation des enfants »[6].
    « La décision de placer l’école libre des filles dans deux salles communales ressort des considérations suivantes : “Vu le nombre des salles de classe et leurs dépendances ainsi que les dispositions des unes et des autres, elles peuvent parfaitement pourvoir aux besoins tant de l’école communale des filles que de l’école libre ; la salle de l’école communale ne se trouve pas dans la (même) partie du bâtiment que les autres salles destinées à l’école libre, de sorte que chaque école aura son entrée distincte, ainsi que son préau, de manière à ce qu’il ne puisse surgir le moindre conflit entre les deux écoles”[7].

En mai 1889, l’inspecteur cantonal, trouvant le local de la seconde classe des sœurs trop exigu pour le nombre d’élèves, conseilla aux religieuses de demander aux autorités communales la création d’une école gardienne. Leur requête fut agréée et, au mois d’octobre suivant, sœur Philibertine, institutrice gardienne, fut désignée à Nassogne pour commencer cette école[8].

En janvier 1890, l’institutrice en chef de l’école adoptée des filles adresse une lettre au conseil communal, “tendante à établir la classe supérieure dans une salle appartenant à Mr Dechamps, et de mettre la classe gardienne dans la classe occupée actuellement par la classe supérieure”[9]. C’est ainsi que certains témoignages confirment le fait qu’une école tenue par les sœurs aurait effectivement existé dans les maisons occupées (récemment) par les familles Evrard-Delcomenne et Evrard-Lissoir[10]. (Actuellement [2013] Blaise-Camilleri)

La même année, le doyen Couvert prit sa retraite et fut remplacé par H. Abinet, curé d’Ortho. Celui-ci, dès son arrivée, désirait voir les sœurs habiter l’ancienne maison de la famille de Kessel, située près de l’église ; mais il fallait faire des transformations pour y aménager des classes ; en outre, le propriétaire demandait 500 F. de loyer. En 1892, cette maison étant depuis quelque temps sans locataire, le doyen pria Kems, juge de paix et ami de la famille, de traiter cette affaire. Sa négociation eut un plein succès : on consentit à louer la maison pour douze ans, moyennant un loyer annuel de 400 F., avec autorisation de transformer en classes une bergerie et une remise y attenant. Le 15 juin suivant, les transformations étaient terminées et les sœurs étaient enfin confortablement installées[11].

Le 19 septembre de la même année, le conseil communal décidait la gratuité de l’instruction pour tous les élèves, fixait les dates des vacances comme suit : huit jours à Pâques et du 1er au 30 septembre et l’ouverture de l’école de 8 h à 11 h du matin et de 1 h à 4 h l’après-midi (Arrêté ministériel du 20 août 1890)[12].

Depuis 1884, l’enseignement avait pris un nouvel essor ; l’administration pouvait se permettre d’octroyer des subsides aux écoles[13]; la grande crise était passée et de nouvelles améliorations étaient encore attendues dans un proche avenir.

1895-1920 : nouveaux progrès

Depuis quelque temps déjà, le clergé réclamait une nouvelle organisation de l’enseignement religieux. Pour lui donner satisfaction, ainsi qu’aux légitimes revendications du personnel enseignant, le gouvernement révisa la loi de 1884 et la remplaça par la loi organique de 1895.

Celle-ci inscrivit la religion comme branche obligatoire pour les écoles communales et adoptées, réorganisa l’enseignement agricole et rétablit l’inspection ecclésiastique. En même temps, elle fixa les traitements par catégories, décréta des augmentations quatriennales et soumit la mise en disponibilité à l’avis de la députation permanente et à l’approbation du roi. Les concours primaires et pour adultes furent supprimés et remplacés par des concours agricoles entre instituteurs et des compositions trimestrielles entre élèves. En même temps, la direction supérieure imprima à l’enseignement une nouvelle orientation sans toutefois lui ôter quoi que ce soit de son caractère général et sans augmentation de la besogne pour les maîtres : c’est, en effet, à partir de cette époque, que nous voyons apparaître les œuvres d’éducation sociale, telles que la tempérance, la mutualité et la retraite, la protection des animaux, avec formation de sociétés ad hoc ; c’est aussi à dater de ce moment que nous voyons une adaptation plus adéquate de l’instruction primaire aux nécessités de la vie par un enseignement à tendances professionnelles[14].

Les écoles de Nassogne entrèrent résolument dans le mouvement. Dans chaque branche de l’enseignement, l’instituteur s’efforçait de faire apparaître les applications spéciales aux différents métiers que les enfants seraient appelés à exercer plus tard[15], et de faire servir les connaissances acquises comme guide pratique dans la vie. L’école d’adultes continuait à donner à l’enseignement ces mêmes tendances professionnelles et laissait surtout une large part aux œuvres sociales, en faisant apparaître aux jeunes gens les dangers de l’alcool, des jeux d’argent et de l’imprévoyance[16].

L’enseignement répondit ainsi aux vœux des législateurs et aux besoins de la population et, grâce à la compréhension et aux efforts du personnel enseignant, se développa d’une manière complète et prospère.

Ont enseigné depuis 1879 les instituteurs et institutrices suivants : 

 

      Instituteurs :
Frémolle Emile :                               31/10/1879-1904[17]
Isaye Ferdinand :                            22/02/1904-1919[18]
Guiot Charles :                                 25/08/1919-1945[19]

      Sous-instituteurs :
Ruelle Emile :                                    22/11/1879-1881[20]
Isaye Ferdinand :                            19/10/1881-1903[21]
Paque Edouard :                              26/11/1903[22]-1919[23]
Dujardin Florent                              Janvier 1919-1952 (décédé)

      Institutrices :
Gruslin Marie :                                 1879-1880 (novembre)
Gustin Marie (Mme Isaye) :       01/03/1881-1905[24]
Paquet Catherine
      (Mme Scheweback) :              29/08/1905-1938[25]

      Sous-institutrices :
Coulon Marie :                                 1879— 29/09/1882[26]
Didier Marie :                                    17/10/1882[27]-1883
Wathelet Léonie :                           21/11/1883[28]— 21/02/1885[29]

L’école gardienne communale, tenue par la nommée Danze Hubertine depuis le 1er avril 1882, puis supprimée par décision du conseil communal le 21 février 1885[30], fut rétablie le 1er octobre 1912. Le 19 octobre suivant, Louise Peraux fut nommée aux fonctions d’institutrice gardienne.                                                

Cette école a tout d’abord été installée dans une des classes de l’école primaire pour filles jusqu’en février 1918, ensuite dans une dépendance de la gendarmerie jusqu’en novembre de la même année, puis fermée ensuite jusqu’en juillet 1921. Comme elle ne comptait que 12 élèves, elle a été définitivement supprimée et la disponibilité de Louise Peraux a été approuvée[31].

Quant à l’école libre, elle fut adoptée par la commune le 23 décembre 1897, pour une durée de 10 ans. Ce contrat d’adoption fut passé entre Maréchal, bourgmestre et Philippart, secrétaire communal d’une part, et Abinet, curé-doyen, les dames Lorent Joséphine, en religion sœur Saint Alphonse, directrice et supérieure, Agnessens Marie, en religion sœur Saint Bernard et Delsaut Adèle, en religion sœur Philibertine d’autre part. La commune s’engageait à payer à la directrice ou à celle des religieuses qui porte le nom de supérieure :

  1. Pour chacune des institutrices des deux classes primaires, un traitement de mille francs par année ;
  2. Pour les fournitures classiques proprement dites, deux francs cinquante centimes par élève vu que l’enseignement est gratuit pour toutes les élèves ;
  3. Pour les matières du cours de couture et de tricot, un franc cinquante centimes par élève ;
  4. Pour indemnité de logement, trois cents francs par année.

De plus, la commune s’engageait à fournir chaque année dix doubles stères de bois scié pour le chauffage des deux classes et à payer à la directrice la somme de quatre-vingt francs pour le nettoyage des locaux[32].

La même année, sœur Lucrèce quitta Nassogne et fut remplacée dans la direction de l’établissement par sœur Saint Alphonse qui y demeura vingt ans. Celle-ci revint malade à Champion et y mourut le 10 avril 1917. Sœur Philibertine, qui était à Nassogne depuis vingt-huit ans, fut alors nommée supérieure de l’établissement[33] jusqu’en 1930[34]. Après la mort de sœur Saint Alphonse, c’est-à-dire en 1918, sœur Lydie entra en fonctions et y resta jusqu’en 1926 ; elle fut alors remplacée par sœur Sidonie[35].

En mai 1914, un nouveau projet gouvernemental proclamait l’instruction obligatoire, répartissant les subsides entre les deux enseignements et prolongeait l’âge de la scolarité jusque 14 ans[36].

2013-09-27_095251.jpg

   A gauche, la maison où fut établie, en 1890, la classe supérieure de l’école des filles, tenue par les religieuses.

2013-09-27_085158.jpg

 Le couvent des sœurs de la Providence, occupé par les religieuses à partir de 1892.

Comme on a pu le constater, l’enseignement primaire à Nassogne a subi, pendant cette centaine d’années, les plus violentes fluctuations et est passé par les phases les plus diverses. De tout temps, il a servi de tremplin aux luttes électorales. Il faut également tenir compte des mentalités de cette époque où prévalait, notamment, un paternalisme exacerbé. Cependant, on ne peut le nier, les progrès réalisés pendant cette période sont immenses ; c’est grâce à la compréhension et au bon sens des édiles communaux et au dévouement sans bornes du personnel enseignant que le nombre d’illettrés diminua rapidement et disparut complètement après la Première Guerre mondiale (115).

La population, enfin libérée de la grande misère du XIXème siècle, avait compris la nécessité de l’instruction et allait enfin trouver dans les activités de l’esprit la source des plus saines et des plus nobles satisfactions.

Nassogne - Les écoles.jpg

Lien permanent Catégories : Oldies

Les commentaires sont fermés.