En Belgique, les élèves désireux d’obtenir leur permis de conduire ont le choix: passer l’examen avec leur propre véhicule, comme c’est le cas dans la filière «libre». Ou privilégier le véhicule de l’auto-école, lorsque l’élève suit des heures de conduite accompagné d’un moniteur.
Ils sont 61,5 % à privilégier leur propre véhicule. Mais il semble que la difficulté de l’examen ne soit pas la même selon le véhicule choisi. « L’examen est beaucoup plus simple quand vous prenez votre propre véhicule », s’énerve Emmanuel Barattucci, administrateur de l’auto-école Bara et porte-parole de la fédération des auto-écoles agrées, arguments à l’appui. « En filières libres, les véhicules ne sont évidemment pas équipés des commandes de sécurité (les pédales de frein et d’embrayeur à disposition du moniteur). C’est extrêmement dangereux pour l’examinateur. Alors il prend ses précautions, évidemment. On ne peut tout de même pas leur reprocher de ne pas être suicidaires. Les commandes du moniteur lui permettent souvent d’éviter de très graves accidents, peut-être parfois mortels. Sans ces pédales, les crashs seraient très courants durant les examens. »
Résultat ? Selon Emmanuel Barattucci, les examinateurs évitent les passages dangereux, les carrefours difficiles. Donc, les zones les plus compliquées à négocier pour les élèves. « Ce qui rend évidemment l’examen bien plus facile. La manière dont cela se déroule est très subtile. On dit que le parcours est imposé. Mais en réalité, il s’agit de points de passage obligatoire. Entre ceux-ci, l’examinateur fait ce qu’il veut, emprunte le chemin qu’il désire… en évitant les passages à risques ! »
Une situation qui déplaît fortement aux auto-écoles. En effet, pourquoi payer un moniteur d’auto-école si les statistiques de réussite sont à peine plus élevées qu’en filière libre (55,7 % de réussite en filière libre, 66 %sans avoir pris d’heures d’auto-école) ? « Les écarts devraient en réalité être bien plus élevés ! Après, je ne peux pas en vouloir aux examinateurs de se soucier de leur sécurité. C’est un métier stressant dans lequel on a souvent des frayeurs. Reste que nous sommes victimes d’une injustice contre laquelle personne ne fait rien. Ce que nous demandons, c’est que l’examen du permis pratique se déroule obligatoirement dans un véhicule équipé des commandes-moniteur. Ainsi, ce serait plus juste. »
Mais les élèves passant leur examen en auto-école bénéficient également d’avantages. « Il existe une partie subjective dans un examen. Parfois, des relations de sympathie s’installent entre l’examinateur et le guide auto-école. Ça peut influencer le résultat. Quand un guide a une bonne réputation, l’examinateur se trouve dans une relation de confiance et ça influence sûrement positivement la réussite de l’élève. C’est humain surtout lorsque le guide est compétent et sympa. Il suffit de voir le succès de certains de nos examinateurs que les élèves s’arrachent pour l’auto-école. »