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Harsin : une stèle en hommage à Boualio Baiza

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2016-10-04_061329.jpgDepuis quelques mois, une stèle commémorative se dresse le long de la route entre Hargimont et Harsin. Elle célèbre la mémoire de Boualio Baiza, soldat marocain mort sous les balles allemandes le 7 juin 1940, dans l’ancienne commune d’Harsin. À 90 ans, Joseph Renard a fait édifier cette stèle. À l’époque, il avait participé à l’inhumation de ce soldat…

Alors qu’il était encore adolescent, le jeune Joseph a participé à l’inhumation du tirailleur marocain avec son père Nicolas. À l’époque, le village de Harsin s’était vidé de tous ses habitants, à l’exception de la famille Renard. « Les générations de l’époque avaient gardé un souvenir très vif des massacres perpétrés dans la région 26 ans plus tôt, pendant la première guerre mondiale », se souvient le nonagénaire. « Notre famille était la dernière à être restée sur place, car mon grand-père se trouvait sur son lit de mort. Il est décédé le 21 mai. » Le mois suivant, un officier allemand réquisitionnait le père de Joseph pour évacuer le corps d’un soldat français gisant en bas d’un talus, au lieu-dit Marengo. Joseph, qui n’avait alors que 14 ans, l’a accompagné pour lui prêter main-forte.

Une tâche pénible les attendait sur place. Ensemble, Joseph et son père ont remonté le cadavre en décomposition depuis le bas du talus pour le charger à bord d’un chariot et l’inhumer dans le cimetière communal de Chavanne-Harsin. Une plaque d’identité militaire a permis d’identifier le défunt. « Cette histoire m’a profondément marqué », se souvient Joseph. « Aujourd’hui encore, le souvenir d’avoir trouvé le corps de ce soldat au fond du ravin est aussi présent qu’il y a 76 ans. Nous avons fini par acheter le bois de 8 hectares à proximité du lieu où il était tombé. En venant très régulièrement par ici, je me suis rendu compte que personne ne connaissait le drame qui s’était produit en 1940. Un auteur a écrit qu’un soldat qu’on oublie, on le tue deux fois. J’ai donc décidé de faire édifier ce monument à nos seuls frais. Pour rappeler aux générations futures le souvenir de Boualio Baiza, soldat français, marocain d’origine, mort en Belgique, pour nos libertés. »

Boualio Baiza s’est engagé comme volontaire au sein du 5e Régiment des Tirailleurs Marocains, une composante de l’Armée d’Afrique venue combattre le régime nazi pour la France — le Maroc était alors encore sous protectorat français. Fin mai 1940, il a été capturé par l’ennemi au terme d’une défaite non loin de la frontière franco-belge.

Les circonstances de sa mort sont relativement obscures. Tout juste sait-on que le tirailleur Baiza faisait partie d’une colonne d’un millier de prisonniers marchant depuis Jemeppe-Hargimont vers Bande sous la surveillance de sentinelles cyclistes. Les archives de l’armée française indiquent qu’il serait sorti des rangs à un moment donné pour satisfaire un besoin pressant. Son mouvement aurait été interprété comme une tentative d’évasion et il aurait été alors abattu d’une balle dans la poitrine.

Sans la volonté de Joseph, son histoire aurait sombré dans l’oubli de la forêt de Marengo.

Le monument commémorant son sacrifice a été inauguré ce week-end en présence de la famille Renard, de la fondation Merci et des autorités communales de Marche et Nassogne. Le consul général du Maroc s’est également déplacé sur place pour l’occasion.

Nicolas Poes – La Meuse Luxembourg du 4 octobre 2016

Endroit exact où se trouve là stèle, cliquez sur le plan pour l'agrandir.

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