Rosa Gaspard, veuve de Jules Mouton, est née le 28 février 1914.  La famille vient de la fêter à l'occasion de ses 100 ans, à la Résidence Catherine Maffa, ou elle habite depuis 2006.

Je laisse le soin au Bourgmestre Marc Quirynen de relater la vie de Rosa, vous pouvez lire son discours ci-après.

Chère Rosa, le grand jour est arrivé. Voilà à peine 24 h que vous êtes dans votre nouveau tailleur, votre tailleur de centenaire. On peut vous dire qu’il vous sied à merveille et rehausse l’élégance de la femme que vous êtes. C’est un grand jour qui compte pour vous, il l’est tout autant pour nous.

Accueillir une centenaire dans ses rangs est assurément un moment privilégié dans la vie d’une commune et nous avons voulu marquer l’événement. Comme vous pouvez le constater, nous sommes venus nombreux pour fêter vos 100 ans, votre famille, vos amis, mais aussi la commune.

En effet, la commune tient à vous témoigner son admiration et sa plus profonde sympathie, à vous qui venez de traverser un siècle. De tous les habitants de Nassogne, vous êtes peut-être celle qui dans l’assemblée ici présente connaissez le mieux son passé. Vous êtes en quelque sorte notre mémoire collective.

Je voudrais faire un grand bond en arrière et m’arrêter à votre année de naissance.

Quand on dit centenaire, a-t-on idée de la période concernée ? Sommes-nous capables d’imaginer les gros titres des journaux de l’époque de votre petite enfance ?

C’est en 1914 qu’est inaugurée chez Ford la première chaîne de montage de fabrication automobile. C’est cette année-là aussi que les premiers feux de circulation font leur apparition, néanmoins le principe des feux tricolores n’apparaissant que quelques années plus tard, en 1922 exactement.

L’année 1914 : une année de grand cru, quelques célébrités ont vu le jour cette année-là : Léon Zitrone, Louis de Funès, Haroun Tazieff, Luis Mariano et la femme de lettres française Marguerite Duras. Je la cite bien volontiers, car je sais que vous avez toujours apprécié la lecture, il est probable que vous avez eu plaisir à lire ses œuvres. Le jour de votre naissance, apparaissait la première fois le personnage de Charlot dans le film de Chaplin « Charlot et le parapluie ».

Malheureusement un autre événement a marqué la mémoire collective. Le 28 juin 1914 était perpétré à Sarajevo l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand, héritier de la Couronne d’Autriche, qui allait être l’élément déclencheur de la première guerre mondiale de 14 -18. 

Mais assez parlé de la grande histoire, parlons maintenant de votre histoire.

Rosa, vous êtes née le 28 février 1914 à Chéoux, fille aînée d’Emile Gaspard et de Marie Paquet, agriculteurs.

En mai 1921, vos parents déménagent avec leurs 3 filles et viennent habiter Nassogne. Vous y passez une jeunesse paisible, mais néanmoins pas dans la volupté actuelle. Vous vous souvenez probablement encore du retour de votre papa, qui après avoir été jusqu’à Marche avec sa charrette et les chevaux, rentrait avec un bâton de chocolat à couper en trois pour ses trois filles. C’était la vie d’époque, ce n’était pas le grand luxe.

Le 21 septembre 1939, vous vous êtes mariée à Jules Mouton. De suite la Deuxième Guerre mondiale éclate et le cahot qu’avaient vécu vos parents 26 ans plus tôt se présente à vous. S’occuper de tout jeunes enfants pendant ces années de privation ne fut pas chose aisée, on n’ose l’imaginer. Après ces tristes années, votre mari Jules après un passage à la maison communale de Nassogne trouva sa voie en 1958 dans le milieu bancaire. Le milieu bancaire, un bien grand mot disons plus exactement à la Caisse d’Epargne et de Retraite, cela donne une connotation bien plus sympathique.

Pensionné en 1975, Jules a eu ainsi l’occasion de vous emmener entreprendre de nombreux voyages.

En 2006, vous avez intégré la maison de retraite où nous sommes aujourd’hui et je crois que je puis dire sans me tromper que vous êtes l’une des premières pensionnaires de cet établissement.

Votre vie durant, vous avez toujours apprécié la lecture, la couture et le jeu de scrabble. Vos sœurs ont toujours eu plaisir de vous voir confectionner leurs chapeaux que vous mettiez en forme sur leur tête. Cela devait être certainement des parties de plaisir, tout comme quand vous leur confectionnez leurs robes. Par la suite, vous avez consacré vos talents de couturière à votre famille. Que de moments de coquetterie partagés, de véritables témoignages d’élégance de cœur. Voilà une vie bien remplie.

Nous vous remercions très sincèrement pour cet exemple. Si dame nature n’est pas étrangère à ce cadeau de vie, vous le devez certainement aussi en grande partie à votre manière de vivre, à votre élégance ainsi qu’à l’amour de votre famille et de vos amis. Qu’ils en soient tous remerciés. Bravo, Rosa, et encore félicitations.