Le ministère prévient : « Les gens qui commandent en ligne jouent avec leur vie »
Le nombre de saisies de faux médicaments n’a jamais été aussi important en Belgique. Il s’agit principalement de Viagra commandé sur le web. Mais aussi de médicaments contre l’hypertension, maladies du cœur et diabète. « Un danger énorme », prévient-on au SPF Finances, responsable de ces saisies records.
L’AGD&A (gestion des douanes et accises) n’a pas chômé en 2013 dans sa lutte contre la contrefaçon. Avec 2.564.016 pièces contrefaites saisies l’an dernier, le service a explosé les chiffres de 2012 (1.132.314 saisies). On note une augmentation des vêtements et accessoires (78.814) saisis, des jouets (7 millions), mais aussi des produits alimentaires, alcools et boissons (484.000).
Mais un secteur en particulier augmente de manière inquiétante : les médicaments contrefaits. 1.511.300 ont été saisis en 2013 contre seulement… 6.421 en 2012 ! Une véritable explosion ! L’écrasante majorité de ces faux médicaments est commandée sur Internet par des Belges souvent peu conscients des risques réels qu’ils encourent. À titre d’exemple, en 2012, au Pakistan, 109 patients atteints de maladies cardiaques sont morts après avoir absorbé un faux médicament.
« Les gens jouent clairement avec leur vie », regrette Francis Adyns, porte-parole du SPF Finances, le ministère qui chapeaute l’AGD& A. « Dans chaque médicament saisi, on constate la même chose : soit il ne recèle aucun élément actif et est inefficace. Soit il contient une trop forte dose. Un danger énorme quand on sait que de nombreux médicaments saisis sont utilisés contre l’hypertension, les maladies du cœur ou le diabète. » On imagine facilement les effets dramatiques sur un patient souffrant des problèmes cardiaques. Et croyant se soigner alors qu’ils ingèrent un vulgaire placebo !
ATTENTION AUX VENTES SUR LE WEB !
Néanmoins, les médicaments saisis sont principalement de fausses pilules de Viagra et de Cialis, utilisées dans le cadre des troubles de l’érection.
« Les gens n’osent pas toujours se rendre dans les pharmacies pour en acheter. Par Internet, c’est plus facile. La Belgique est un cas unique dans le monde. Partout ailleurs, vous pouvez vous procurer des médicaments dans les supermarchés, sans doute à des prix moins élevés qu’en pharmacie. Cela influence le trafic sur Internet », détaille Francis Adyns.
« C’est vrai que, cette année, il y a une explosion du nombre de saisies. Mais c’est dû principalement à une très grosse prise dans le cadre de l’action spécifique “Pangea”. »
En effet, depuis plusieurs années, Interpol organise des opérations de saisie massives dans le monde entier et ciblées sur une semaine. Elle lutte ainsi contre le fléau que représentent les faux médicaments, qui sont principalement vendus en ligne.
Selon l’Organisation mondiale de la santé « dans plus de 50 % des cas, les médicaments achetés sur des sites Internet illégaux dissimulant leur adresse physique sont des produits de contrefaçon ».
Pour combattre ce trafic, l’AGD&A a mis en place en septembre 2012 une cellule spécialisée destinée à combattre l’importation de marchandises illégales via Internet : la cybersquad. Elle se compose d’ingénieurs, de spécialistes en sciences commerciales et en informatique et d’un criminologue. En un peu plus d’un an, elle a fait fermer 331 sites Web dont une grande partie était responsable de l’importation en Belgique de médicaments contrefaits.
ADRIEN DE MARNEFFE