Ce dimanche 24 avril 2016, à la Villa Trois Fontaines de Nil-Pierreux, une nouvelle bière, la « Sans Grade », produite par la brasserie Saint Monon, à Ambly (Nassogne), devrait être officiellement lancée par l’association de fait guibertine « Le Bon Vieux Temps ».
Cependant, une action en référé vient d’être introduite par Jo Grade et ses enfants, qui se plaignent de l’appellation choisie. Ils viennent de saisir un avocat d’entamer les procédures adéquates visant à interdire la commercialisation de cette bière sous l’appellation « Sans Grade ».
« Nous n’avons jamais été consultés et nous n’avons donné aucune autorisation, s’offusquent les enfants de Jo Grade à “L’avenir”. L’association sur l’étiquette de “Grade” et des termes “Le Bon Vieux Temps” et “bière d’inspiration guibertine” montre que cette bière n’a pas été faite par hasard et permet sans aucun doute de donner plus de crédibilité à un produit purement commercial. Et le nom choisi, “Sans Grade”, est choquant. C’est clairement notre nom qui est écrit sur l’étiquette, avec une majuscule. On pourrait traduire par “à Mont-Saint-Guibert, on peut faire une bière type Vieux Temps, sans les Grade”. »
De son côté, Anheuser-Busch InBev, détenteur des droits de marque sur la Vieux-Temps, compte bien réagir également. D’autant plus que le look de l’étiquette ressemble de très près à celui de la bière auparavant brassée à Mont-Saint-Guibert. Pour la multinationale, cette bière ambrée fait clairement référence à la Vieux-Temps.
Alain Daix, un des responsables de l’association « Le Bon Vieux Temps » explique : « Il s’agit effectivement d’une bière ambrée brassée pour garder l’esprit de la Vieux-Temps. Elle a été faite à façon. Avec 6,5 °, elle est plus forte, tout en étant neutre au niveau amertume et douceur. La coïncidence est peut-être troublante, mais, pour moi, n’est pas offensante ».
Pour Alain Daix, « le terme “grade ”fait allusion aux militaires et le mot “sans” plutôt à “sans valeur”. »
C’est en 1858 que Pierre-Joseph Grade (1841-1902) fonde sa brasserie à Mont-Saint-Guibert. À cette époque, la fabrication de la bière relève de l’artisanat. Grâce à son esprit d’entreprise, cette brasserie devient rapidement la plus importante de la région.
Son fils, Joseph Grade (1872-1956) reprend les affaires et construit une malterie dotant son entreprise d’un cycle complet de fabrication, depuis l’orge jusqu’à la bière.
Jules Grade (1900-1975), obtient son diplôme d’Ingénieur Brasseur en 1923. À cette époque, la brasserie Grade s’attache à la production de bières spéciales de fermentation haute telles que la Forte Brune, le Stout, le Scotch et d’autres bières de type anglais très en vogue après la Première Guerre Mondiale.
En 1930, c’est le tournant décisif de la Brasserie Grade avec la mise au point d’une bière spéciale filtrée. Pour montrer qu’elle conserve néanmoins le riche goût des bières anciennes, elle est baptisée Vieux-Temps. C’est une bière de fermentation haute, ambrée et légère qui titre 4,5 ° d’alcool. La production est arrêtée pendant la guerre, mais reprend dès 1946, pour atteindre 5 000 hectolitres par an.
Jo Grade (né en 1926), obtient son diplôme d’Ingénieur Chimiste et des Industries Agricoles (section Brasserie) en 1950. Avec son équipe, il se consacre à la problématique de production, voulant disposer d’un outil moderne pour affronter un marché de plus en plus concurrentiel.
Présentée au concours international de la Brasserie en 1950, à Edimbourg, la Vieux-Temps obtient le premier prix des bières spéciales. En 1951, elle obtient à nouveau le premier prix à Luxembourg. Ensuite, en 1969, la Vieux-Temps remporte, à Londres, la Médaille d’Or de la Sélection Mondiale de la Bière.
En 1970, un accord commercial est conclu avec la brasserie Artois à Leuven dans le but de développer la vente de la bière Vieux-Temps.
La fermeture de la brasserie a eu lieu en juin 1996.