Brugelette, le 28 avril 2017
Chères amies,
Chers amis,
Vous le savez probablement déjà, le Conseil communal de Nassogne a adopté ce jeudi soir, à la majorité de ses membres, un nouveau cahier des charges fixant les modalités de location du droit de chasse en forêt nassognarde. Un cahier des charges qui établit à neuf ans la durée du bail de location et rouvre grand les portes de la forêt aux chasseurs affairistes, qui obtiennent le droit d’à nouveau nourrir le gibier de façon intensive pour ensuite le chasser à cor et à cri.
Ne nous voilons pas la face. La messe est dite. En approuvant la proposition de leur collège, la majorité des conseillers communaux ont de facto enterré le projet « Nassonia » porté par la Pairi Daiza Foundation, ses amis et tous les partisans d’une approche plus durable et responsable de la gestion de nos richesses environnementales.
Si j’accepte bien évidemment cette décision souveraine, je ne peux que la regretter. Quel gâchis, mes amis, quelle occasion manquée ! Pour d’aucuns parmi les édiles communaux, et c’est un enseignement que nous pouvons tirer, une parole donnée n’est pas une parole tenue, la signature d’un pré-accord n’engage à rien et les promesses d’un dialogue valent bien peu face aux sirènes de l’argent facile et les pressions exercées par le lobby des chasseurs.
J’en reste comme vous plus que jamais convaincu, « Nassonia » était pourtant un extraordinaire projet. Novateur et responsable. Repenser la forêt, l’aider à retrouver son visage naturel, redonner à la faune et à la flore les places qui sont les leurs, est indispensable. Pour notre génération, et celles qui nous succèderont. « Nassonia » s’inscrivait dans ce cadre, en proposant d’impliquer tous les acteurs locaux autour d’une même ambition, celle de redonner sa place à la Nature et de construire un équilibre harmonieux entre ceux qui y vivent et ceux qui en vivent.
Peut-être sommes-nous arrivés trop tôt avec ce projet. Peut-être certains esprits ne sont-ils pas encore suffisamment ouverts pour comprendre cette nécessité de revoir les règles de vie commune avec nos milieux naturels. Sans doute certains manquent-ils encore de courage pour résister à l’appel de l’argent lancé par quelques milliardaires amoureux de la gâchette. Soit. J’en prends personnellement acte.
Je referme le dossier « Nassonia ». Et n’en rouvre pas d’autres.
Il n’y a pas de « Plan B ». Vous comme moi avons donné notre temps et notre énergie, pendant plus d’un an, pour présenter notre projet, l’argumenter, en expliquer les tenants et aboutissants, tenter de rassurer ceux qui doutaient de son bien-fondé. L’échec que nous devons constater aujourd’hui me convainc qu’il faut désormais laisser la main à d’autres.
D’aucuns, au sein des instances de la Région wallonne notamment, ont affiché publiquement leur enthousiasme et leur intérêt pour « Nassonia ». J’estime que c’est dorénavant à eux qu’il revient de poser les gestes forts qui pourront nous laisser penser que la volonté qui est la nôtre est partagée par des décideurs politiques, et que des projets tels que celui que nous portions peuvent aujourd’hui être envisagés en Wallonie.
Chères amies,
Chers amis,
Je m’en voudrais de terminer ce courrier sans vous remercier pour toute l’aide et le soutien que vous nous avez apportés, à moi-même et aux équipes de la Pairi Daiza Foundation. Et ce depuis juin 2016 et la première présentation du projet « Nassonia ». En ce jour où la déception pourrait me guetter, c’est ce qui m’importe le plus.
Vous avez été des dizaines à nous soutenir dans notre aventure.
Des chercheurs, des amis des animaux et de la flore, des universitaires, des membres d’associations environnementales, des Nassognards, des Ardennais, des Wallons. Des mois durant, nous nous sommes parlé, nous nous sommes écrit, nous nous sommes lu. Sachez que tous ces échanges m’ont nourri et ont été indispensables pour construire et porter notre projet.
L’échec de « Nassonia » n’est pas le nôtre. Laissons-le à d’autres, qui se reconnaîtront.
Mais gardez à l’esprit que sans votre soutien et votre implication, il ne serait jamais arrivé là où il a été arrêté. Je ne vous remercierai jamais assez pour cela.
Recevez, toutes et tous, mes plus amicales salutations.
Eric Domb,
Président de la Pairi Daiza Foundation